samedi 4 avril 2015

Quatre ans

Quatre ans.

Réveil à six heures, le cinq avril deux mille onze.
Dans une heure, je suis au bloc, je suis à une heure de ma nouvelle vie, de moi.
Je me prépare pour la douche à la bétadine, je regarde mon entre-jambe.
Des voix en approche dans le couloir, la porte de la chambre s'ouvre ; (bonjour, madame prête).
Je réponds d'un hochement de tête et d'un oui ferme.
Après les dernières vérifications, direction le bloc opératoire, les images de ma vie défilent, ni doutes, ni peurs, je suis sereine.
Une porte, puis une autre voilà l'ascenseur, autour de moi beaucoup d'attention.
Encore trois portes, il fait froid, je suis au bloc.
Un transfère sur la table d'opération, des sourires, une voix douce que je connais bien, celle de mon chirurgien et très vite le masque, voilà que je sombre dans la nuit.
À mon réveil, je suis dans ma chambre et mon entre jambe me fait mal, l'oxygène rend ma respiration plus facile.
Pour mes premières heures de femme, je suis seule ni famille, ni ami(es).
Le ballait des infirmières commencent avec beaucoup de douceur et toujours la même question (comment allez-vous madame).
Toujours la même réponse, je vais bien merci.
Dans la soirée, la visite de mon chirurgien avec son équipe, explication du déroulement de mon opération et de la suite de mes soins pour les prochains jours.
Deux jours, une nuit entre soin et envie de voir mon entre-jambe.
La nuit arrive, le silence aussi, je suis réveillée par une sensation de chaleur entre mes jambes, la tête tourne, je ne suis pas bien et le rouge prend place dans mon lit.
J'appuie sur le bouton d'appel, la porte s'ouvre et voilà que l'équipe de nuit s'agite, je me vide de mon sang.
Après beaucoup de soins, d'attentions et de transfusions, le retour à des jours plus sereins.
Un jour, la responsable du service est restée plus longtemps que les autres fois, après la question du comment allez-vous et ma réponse je vais bien merci, le début d'une conversation bien différente.
Elle me prend la main et me dit d'une voix très douce que je ne suis fautive de rien et que j'ai le droit de dire que j'ai mal.
Je lui fais un sourire l'humide prend place dans mon regard, elle essuie mes larmes et me dit que je suis une femme forte et courageuse.
Je me sens libre de dire les choses et d'exprimer pour la première fois ma douleur.
Le jour suivant, mon entre-jambe devient visible et très vite il me faut apprendre à faire pipi.
Pour mon retour à la maison, Milo mon chien m'attendait, pas de famille, pas d'ami (es).
Que de chemins en quatre ans, de combats, de solitudes et trahisons, mais aussi de belles rencontres.
Je fête mon anniversaire toute seule !